
Les systèmes complexes présentent des propriétés constitutives essentielles qui leur assurent la robustesse et la flexibilité nécessaires à leur adaptabilité et leur pérennité. Il a été suggéré que si les organismes jeunes et en bonne santé sont caractérisés par un niveau optimal de complexité, le vieillissement est en revanche marqué par une perte significative de complexité. On peut évaluer le niveau de complexité d’un tel système, en analysant les fluctuations qu’il produit dans des séries de performances motrices. Ces fluctuations possèdent une structure typique, caractérisée par un phénomène dit de corrélations à long terme (CLT). Dans le cadre de tâches naturelles (peu contraignantes), la présence de ces corrélations représente la signature de ces systèmes complexes. A l’inverse, l’altération de ces corrélations, pouvant s’exprimer soit par un déficit de coordination dans le système (disparition des corrélations dans les signaux), soit au contraire par une coordination trop rigide (accroissement des corrélations) indique une perte de complexité. Par exemple, Hausdorff et al. (1997), ont montré que les séries de pas chez les personnes âgées présentaient une structure faiblement corrélée, par rapport à des sujets jeunes. Par ailleurs, leurs résultats montrent que l’altération des corrélations à long terme, donc la perte de complexité, corrèle avec la propension à la chute. L’objectif principal de cette thèse est de tester le pouvoir prédictif des mesures de complexité, afin de proposer des tests précoces de fragilité. Nous faisons l’hypothèse qu’une altération de la complexité pourrait révéler, avant que des tests cliniques ne puisse les détecter, les signes avant-coureurs d’un vieillissement accéléré. Nous avons déterminé une batterie de tests qui va nous permettre une mesure multivariée de la complexité. Ces tests seront proposés à une cohorte de sujets du Centre Régional Equilibre et Prévention des Chutes.